Les arts et la culture du cirque itinérant traditionnel
Depuis février 2021, les arts et la culture du cirque itinérant traditionnel sont reconnus comme chefs-d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Cette reconnaissance du cirque traditionnel comme patrimoine culturel est une première mondiale.
Se déplaçant de ville en ville pour apporter l’émerveillement et la fête, le cirque traditionnel itinérant est porteur d’une culture et d’une créativité foisonnante.
Chaque cirque traditionnel comprend un chapiteau, les caravanes de la troupe, un ou plusieurs camions-bureaux, d’autres pour le transport du matériel. En plus des artistes, bien d'autres personnes travaillent au cirque : les monteurs qui installent et démontent le chapiteau, des techniciens qui se chargent de l'électricité et de l'éclairage, les mécaniciens pour les camions et les voitures, des personnes pour l'entretien des écuries, un(e) secrétaire, un(e) comptable...
Pour cette communauté très soudée, le chapiteau est bien plus que le lieu des représentations, il est un espace de rencontre, un lieu de ralliement, un emblème !
La Fédération Wallonie-Bruxelles, par la reconnaissance des arts et de la culture du cirque traditionnel itinérant, a souhaité rendre hommage aux spécificités du cirque traditionnel : spectacle sous chapiteau autour d’une piste circulaire, présentation des numéros par Monsieur Loyal, succession de numéros indépendants, mélange des disciplines, mise en musique du spectacle par un orchestre ou une fanfare, dimension spectaculaire des numéros.
La culture du cirque traditionnel est elle aussi porteuse de valeurs fortes : le nomadisme, l’importance de la famille, la solidarité, la créativité, la recherche d’excellence technique ainsi que son caractère résolument multiculturel (multiplicité des numéros, diversité culturelle des artistes). La spécificité des coutumes constitue un patrimoine immatériel d’une grande richesse auquel se rattache un patrimoine matériel fertile (roulottes, chapiteau, costumes, accessoires multiples, affiches, etc.). L’imagerie puissante du cirque traditionnel nourrit l’imaginaire du public, des artistes du cirque lui-même mais de bien d’autres disciplines artistiques également (Beaux-Arts, cinéma, musique, arts graphiques).
Les artistes de cirque traditionnel revendiquent le caractère autodidacte de leur apprentissage et l’importance de la transmission des savoir-faire au sein des familles. La plupart suivent les traces de leurs parents depuis des générations pour reprendre, adapter ou moderniser la pratique artistique des aïeux, en cherchant toujours à faire toujours plus beau, toujours plus époustouflant. Bien sûr, le chapiteau est ouvert à de nouveaux artistes qui ne sont pas issus de familles liées au monde du cirque mais qui le rejoignent par passion.
Pour permettre l’éveil des vocations, les détenteurs de la pratique, artistes et directeurs de cirque, ont mis en place différentes mesures : séances de formations et aide à l’adaptation des numéros de cirque pour qu’ils soient en concordance avec les canons du cirque traditionnel et ainsi offrir des débouchés professionnels aux jeunes artistes belges ; organisation de séances gratuites de répétitions ouvertes pour faire découvrir les coulisses du cirque et ouvrir davantage son patrimoine au public ; instauration d’un dialogue ouvert et constructif entre le cirque traditionnel et le cirque contemporain ; promotion du cirque traditionnel auprès du jeune public via les réseaux sociaux et les initiatives numériques.
Bien que cette tradition soit toujours très vivante, le cirque traditionnel est en péril : perte de savoir-faire et de formes artistiques particulières qui ne sont pas enseignées dans les écoles de cirque, disparition progressive ou galvaudage de la figure du clown, décisions prises par les villes ou communes qui éloignent les cirques des centres villes ou qui augmentent les coûts d’installation…
La reconnaissance des Arts et de la Culture du cirque traditionnel itinérant est une manière de souligner positivement cette façon de vivre, de créer et de travailler. Plus largement, cette sensibilisation aux savoir-faire professionnels d’une culture spécifique, transmise de génération en génération, permet de mieux les partager et les renouveler.