Le Théâtre de Namur vise l’éclectisme
L'institution namuroise a la particularité d'associer un centre culturel et un centre dramatique.
Ces deux facettes en font une scène incontournable pour la création contemporaine sous toutes ses formes.
Ses colonnes de style romain se dressent juste derrière la place d'Armes, cœur du centre namurois. Depuis 1824, le Théâtre royal de Namur a donné son nom à la place du Théâtre où s'installent les tables du restaurant attenant lorsque les beaux jours arrivent. Reconstruit plusieurs fois après deux incendies au 19e siècle, le bâtiment a connu sa dernière rénovation il y a 18 ans. Cette date marque aussi l'arrivée de Patrick Colpé, le directeur actuel, un Namurois de naissance. "Une page blanche s'ouvrait et ma volonté était d'assumer un éclectisme dans la programmation."
Cette diversité, le Théâtre de Namur l'assume grâce à deux entités : un centre culturel régional et un centre dramatique. Il remplit donc son rôle d'accueillir des spectacles belges et étrangers avec les moyens pour la création et production. Chaque saison, il accueille en moyenne 65.000 spectateurs. Côté scène, le Théâtre royal marque les esprits par son intérieur baroque, à l'italienne. Il comprend : une grande salle principale avec 750 places, où se joue une trentaine de pièces de théâtre, danse ou cirque par an, des concerts de musiques classique et actuelle, un studio plus intime de 110 places et un foyer où se déroulent quelques lectures durant l'Intime Festival. Le Manège, "l'autre théâtre", plus petite salle dédiée à la création contemporaine, est en ce moment en rénovation et ne devrait pas rouvrir ses portes avant 2019. Enfin, les Abattoirs de Bomel servent de lieu d'accueil pour les résidences d'artistes et l'action culturelle.
Construire un récit
La programmation d'une saison du Théâtre de Namur se fait en concertation, précise Patrick Colpé. D'après lui, la clé est "de construire un récit". Le théâtre dispose d'un " thermomètre " du public puisque le directeur rencontre ses abonnés une fois par an pour expliquer ses choix. " La moyenne est de sept spectacles par spectateur abonné. Ils viennent chercher des choses identifiées et rassurantes mais, en fin de parcours, leur grande surprise sera dans un spectacle inconnu, c'est là qu'ils ressentent l'émotion. " Depuis cinq ans, chaque fin d'été, l'Intime Festival initié par Benoît Poelvoorde invite la littérature sur scène. Les rencontres avec les auteurs et cette mise en avant du livre influencent la programmation. " On n'a jamais autant travaillé sur l'adaptation de romans que depuis qu'on est avec l'Intime Festival, affirme Patrick Colpé. Cette année, c'est Virginie Despentes et son "Apocalypse bébé", ou le texte de Simone de Beauvoir "La femme rompue", interprétée par Josiane Balasko."
Le Théâtre de Namur a aussi fait naître et accompagné des artistes de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Jean-Michel Frère, Fabrice Murgia, Anne-Cécile Vandalem, et dernièrement Aurore Fattier. L'idée serait pour le futur de favoriser les liens entre la scène et le centre culturel en soutenant l'expérimentation des jeunes créateurs. "Depuis la fermeture du Manège, on a perdu une salle de 250 à 300 places. Il ne reste plus que la grande scène. Notre souhait est de nous ouvrir un peu plus à cette nouvelle génération, via les résidences d'artistes et l'articulation avec le centre culturel. On identifie un nombre d'artistes avec lesquels on a envie de cheminer", conclut Patrick Colpé.
© Rossel&Cie SA - Le Soir (FLAVIE GAUTHIER), Bruxelles, 16 novembre 2016