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Une nouvelle reconnaissance pour le patrimoine immatériel

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Une nouvelle reconnaissance pour le patrimoine immatériel

Depuis le 25 mai 2023, le « goûter matrimonial d’Ecaussinnes » est reconnu comme chef-d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Lors du week-end de Pentecôte, Ecaussinnes accueille une coutume bien particulière pour trouver l’âme sœur !

Pendant des siècles, la nuit du 1er mai, les jeunes hommes d’Ecaussinnes allaient couper un arbre, souvent un bouleau, dans la campagne environnante et le plantaient dans le village. Le lendemain, les jeunes filles le décoraient et organisaient un goûter où chacun était invité. Cette tradition de l’arbre de mai s’est progressivement perdue.

En 1903, un jeune homme, Marcel Tricot, constatant le peu de mariage célébrés dans sa commune, décida de recréer cette fête du lundi de Pentecôte. Il imprima une affiche appelant tous les célibataires à venir rencontrer les jeunes filles d’Ecaussinnes lors d’un « goûter monstre ». Il envoya également une copie de l’affiche à 13 journaux du pays. Le succès fut immense ! Les jeunes gens vinrent de partout et des amours virent le jour. Le goûter s’internationalisa (à travers l’Europe mais aussi jusqu’aux Etats-Unis et au Congo belge !) et fit la renommée d’Ecaussinnes. On l’appela désormais « cité de l’amour ». Encore aujourd’hui, la commune donne rendez-vous aux célibataires le lundi de la Pentecôte, jour de la réunion des candidats et candidates au mariage (pour rire) et de la formation des couples, avec délivrance d’un diplôme de mariage d’un jour. 

Emancipation 

En 1903, malgré pas mal de moquerie, la première Ecaussinnette, Céline Lelièvre, proclama un discours très moderne. A une époque où les femmes étaient considérées comme des enfants sous l’autorité de leur père ou de leur frère, elle osa un discours d’émancipation. Elle déclara que la femme peut aussi provoquer une rencontre et choisir son prétendant. A l’époque, c’est une petite révolution ! Aujourd’hui, les femmes d’Ecaussinnes sont toujours aux commandes du goûter et revendiquent avec humour le fait d’initier la rencontre. 

Même s’il capte un public moins nombreux et plus local qu’autrefois, il existe encore aujourd’hui une véritable ferveur autour de l’évènement. Le Goûter matrimonial a gardé les éléments emblématiques de ces débuts : l’arbre de Mai, le char décoré, l’accueil des célibataires à la gare par la Présidente et ses demoiselles d’honneur, le cortège, le goûter et le discours de la Présidente, les tasses offertes aux célibataires…

Le goûter a aussi imprimé sa marque dans la toponymie de la commune. De nombreux endroits bucoliques ont été rebaptisés, il y a plus d’un siècle, par Marcel Tricot avec des noms évocateurs : le tunnel des amoureux, le pont des soupirs, le pont des douces arcades, le rocher des Belles Dames…

Un solide réseau de personnes passionnées et de bénévoles assurent la transmission de l’évènement. Chaque année, cinq jeunes filles et cinq jeunes garçons deviennent ambassadeurs et « passeurs de tradition ». Dans cette optique, ils sont tous initiés à l’histoire du Goûter et à la symbolique des gestes posés et des rituels. 

L’évènement est ouvert à toutes et tous, et ce depuis 120 ans, dans un esprit bon enfant et en toute bienveillance, quelle que soit l’orientation amoureuse des participants et participantes.

Plus d'informations sur le site du Patrimoine culturel.

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