La culture du tabac dans la vallée de la Semois remonte au XVIIIe siècle. Elle repose sur une connaissance fine de la nature et démontre un savoir-faire patrimonial et artisanal qui a forgé l’identité culturelle de la région.  

La culture du tabac s'étend sur une période de plus d'un an. Le travail commence en mars avec les semis et se termine en avril de l'année suivante avec la livraison aux fabricants de transformation du tabac. Bien entendu, les étapes sont nombreuses : semis, mise en terre des plants de tabac, écimage pour arrêter la floraison et développer le feuillage, récolte, séchage, bottelage… A chaque étape, les gestes sont précis et s’adaptent à la nature de la plante et aux aléas de la météo. 

Au printemps suivant, les bottes, gardées bien au sec au grenier, sont livrées au fabricant. Celui-ci a le choix d’encore laisser mûrir le tabac. Les bottes sont simplement ficelées et pourvues d’une étiquette de couleur précisant l’origine, l’année de culture et la qualité du tabac. C’est en mélangeant différents tabacs qu’on obtient les différents goûts du Semois. 

Les bottes sont déliées, la qualité des feuilles vérifiée, puis elles sont mouillées pour être moins cassantes, avant d’être découpées. Il existe deux coupes : une coupe fine pour les cigarettes et une coupe plus épaisse pour la pipe. Celles-ci ont fait la renommée du tabac de la Semois bien au-delà de nos frontières.   

Une fois découpé, le tabac est séché dans le torréfacteur. Puis il est transporté dans de grands bacs ventilés pour terminer complètement le séchage. Ce n’est qu’ensuite qu’il sera pesé et emballé. 

Dans le processus de fabrication du tabac, rien ne se perd : la poussière de tabac, récoltée au fond des bacs ventilés, est utilisée comme insecticide dans les pigeonniers mais aussi par les maraîchers, pour combattre la vermine. Les tiges des plants de tabac (keutons en wallon) sont étalées sur le terrain pour engraisser le sol. 

Aujourd’hui, les savoir-faire liés à la culture du tabac de la Semois continuent d’exister mais ils sont en passe de s’éteindre. Une poignée de passionnés continuent à cultiver le tabac et quelques manufactures poursuivent et transmettent les gestes ancestraux. En 2024, on en recense encore trois à Corbion et à Bohan. Les dernières plantations sont situées à Bohan, Frahan et Petit-Fays. 

Les séchoirs à tabac, encore nombreux dans la vallée de la Semois, témoignent de l’importance de cette culture à son apogée. Ils continuent de marquer le paysage architectural des villages. La création d’un circuit touristique, la Route du Tabac, permet de mettre en valeur les témoins de cette culture mais aussi aux visiteurs et visiteuses de prendre conscience des anciennes pratiques et de rencontrer les richesses patrimoniales et paysagères de la vallée de la Semois. 

Les mesures de sauvegarde envisagées touchent à la fois au patrimoine naturel, au patrimoine mobilier, à la transmission des gestes (en veillant à rendre le travail des hommes et des femmes moins pénible et en modernisant certaines techniques de culture). La sensibilisation du public s'effectue via des ateliers, des conférences, des visites guidées mais aussi des recherches en biologie (sur les méfaits et les possibles utilisations alternatives de la nicotine). 

Cette reconnaissance n'est pas une incitation à fumer, un tabagisme même faible reste néfaste et a un impact sur le risque de cancer, de pathologies respiratoires et cardiaques. Elle est une mise en lumière d’une pratique culturelle qui a façonné un paysage et l’identité culturelle d’une région. 

Pour de plus amples informations : 

Parc national de la Vallée de la Semois : Sophie Le Rue, sophie.lerue(at)ardenne-meridionale.be - +32 (0)474/53.11.14 

Plus d’informations sur la reconnaissance des savoir-faire liés à la culture du tabac de la Semois.

Contacts presse

Administration générale de la Culture :

Vanessa PITAELS - 0499 54 38 14 - vanessa.pitaels(at)cfwb.be 

Cabinet de la Ministre de la Culture :

Nico PATELLI - 0475 55 90 88 - nico.patelli(at)gov.cfwb.be