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Le 140, vitrine de l’avant-gardisme

photo : © THEATRE 140

Jo Dekmine a fondé cette scène mythique et fait découvrir de nombreux artistes internationaux.

Dirigé aujourd’hui par Astrid Van Impe, le lieu veut s’ancrer dans le paysage culturel local et dans son quartier.


Il y a 50 ans, c’était une salle paroissiale au numéro 140 de l’avenue Plasky, dans les quartiers bourgeois de Schaerbeek. En 1963, avec sa bande, Jo Dekmine implante  son nouveau «cabaret «dans cet endroit qui, à première  vue, ne paye pas de mine. C’est ici pourtant que vont se produire des grands noms. L’homme à la chevelure flamboyante a fait venir Serge Gainsbourg (pas vraiment apprécié par les critiques de l’époque), les Pink Floyd, Queen, Nina Simone, Barbara, Trenet, les Kinks, Boby Lapointe, Nougaro… Pina Bausch y danse pour la première fois en Belgique. En 1974, le metteur en scène Tadeusz Kantor a montré "La classe morte". En 1971, le Playhouse of the Ridiculous de New York scandalisait Bruxelles avec son Cockstrong, qui a valu une condamnation au 140 pour un spectacle jugé contraire aux bonnes mœurs.

Grâce à cet héritage unique, le théâtre 140 garde des liens avec de nombreux artistes internationaux. Depuis l’été 2015, Jo Dekmine a passé le relais et laissé les rênes de la direction à la jeune Astrid Van Impe. Celle-ci travaillait déjà aux côtés du fondateur depuis 2010. «Il y a une envie de poursuivre l’histoire du 140 en programmant toujours des spectacles qu’on ne voit pas ailleurs. La programmation reprend à la fois des artistes internationaux et de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Par exemple, on a accueilli début octobre des Ukrainiennes, qui s’appellent les Darh Daughters, avec leur “Freak cabaret”. Ce sont six poétesses punk. On ne les aurait pas vues ailleurs. C’est très visuel.»

Théâtre, danse, cirque, musiques, le 140 a l’habitude du grand écart entre les disciplines. «Je vais voir au moins 150 spectacles par an en festival ou de manière isolée, explique Astrid Van Impe. Une partie de mes choix se fait au festival d’Avignon. Là-bas, c’est compliqué parce qu’on est tous au même moment au même endroit. J’essaye de varier et d’aller voir ailleurs, là où justement d’autres programmateurs belges ne vont pas encore.»

En duo avec elle, Sylvie Strooser se charge des choix des groupes musicaux en jazz, chanson française ou rock’n’roll. Cette saison, Vincent Delerm, Jeanne Cherhal, Emily Loizeau et Keren Ann sont encore au programme dans une salle qui peut accueillir jusqu’à 500 spectateurs sans les gradins. En tant que récent partenaire, le Botanique aide le 140 au repérage des artistes belges émergents. «On est aussi plus en contact avec d’autres événements, le festival de cirque UP ou le Brussels Danse! et le centre culturel de la commune.»

Des pièces «made in 140»

La petite équipe de cinq personnes se lance également dans la coproduction. «On voudrait faire rencontrer des artistes belges avec des artistes internationaux parce que c’est notre force. On connaît le terrain. Le but serait de créer un spectacle qui mélangerait deux pays. Cette saison-ci, “Kawal” mixe des musiciens de jazz du collectif Mâäk et des danseurs du Burkina Faso. Dans le même objectif, on a remonté un spectacle du metteur en scène anglais Mole Wetherell qu’on aime bien au 140, avec une distribution belge francophone (NDLR, La dernière (s)cène programmée en janvier 2017). Ce sont des projets qui nous tiennent à cœur. On a envie de les développer afin d’être à la base et de soutenir la création.»

Quel public fréquente cet ovni du quartier? Il diffère en fonction de la soirée. «On a nos fidèles pour chaque discipline», remarque la directrice. L’objectif des prochaines années: continuer l’implantation dans le haut de Schaerbeek. Les nouveaux habitants, des familles et des jeunes, ont remplacé les eurocrates souvent absents les weekends. «Dernièrement, on avait un chapiteau pendant un mois devant le théâtre et on est allé à la rencontre des associations, des comités du quartier et même des commerçants. On est allé à la rencontre des voisins.» Une volonté de rayonnement plus modeste pour cette légende du milieu artistique belge.

© Rossel&Cie SA - Le Soir (FLAVIE GAUTHIER), Bruxelles, 23 novembre 2016

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