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Un nouveau fonds pour augmenter la part du mécénat dans la restauration des biens mobiliers classés

14.06.2017 16:28 Il y a : 7 yrs

La Ministre de la Culture, Alda Greoli, était en visite ce jour à l'Hôpital Notre Dame à la Rose (Lessines) afin de faire le point sur la politique de classement de biens mobiliers en Fédération Wallonie-Bruxelles. Elle y a donné le détail des biens classés depuis son entrée en fonction, dont par exemple celui de la collection Blaschka et de différentes pièces d’orfèvrerie et de mobiliers. La ministre a annoncé lors de cette visite la création d’un fonds budgétaire dédié à la restauration de biens classés, ouvert aux contribution des mécènes privés et publics.

Depuis le 26 janvier 2010, date du classement du « Trésor d’Oignies », 159 biens ont été protégés par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ils sont variés autant par leurs origines que par leurs époques, depuis le « crâne d’Engis » (Paléolithique moyen) à « L’Homme de la rue » de Paul Delvaux (1940), en passant par la tabulatrice d’Hollerith, l’ancêtre de l’ordinateur, fabriquée aux États-Unis et conservée à Liège. Pour être classés, les biens doivent constituer des exemples rares dans leur domaine mobiliers. Ils doivent être détenus sur notre territoire par une personne publique, morale ou privée.

Les deux tiers des biens classés sont conservés dans des musées ou des édifices religieux. Le tiers restant se partage entre les universités de Bruxelles, Louvain-la-Neuve et Liège, mais aussi La Cambre et les séminaires de Namur et Tournai. Certains de ces biens relèvent de la propriété privée.

Alda Greoli, Ministre de la Culture : « Le patrimoine culturel mobilier en Fédération Wallonie-Bruxelles permet de mesurer les richesses et la diversité de notre patrimoine majeur. Mais le travail de classement est évidemment loin d’être terminé. Certains champs de notre patrimoine n’ont pas encore été entièrement exploités et d’autres doivent encore être explorés, notamment dans le champ des propriétaires privés qu’il faut encourager sur cette voie ».

Le site de Notre Dame à la Rose concentre à lui seul plusieurs objets compris dans le dernier train de classement (cf. infra) : les Châsses de sainte Ursule et de saint Eloi, une croix de procession, deux paires de crédences et un buffet à double corps de l’école anversoise (1600). Le couvent de l’hôpital, reconverti  en musée, abrite plusieurs pièces de mobiliers classés très rares et des collections d’objets médicaux et pharmaceutiques uniques.  

Parmi les biens classés dernièrement, citons aussi la somptueuse collection des « Blaschka », du nom des maîtres-verriers Léopold et Rudolf Blaschka, créateurs de  modèles d’animaux invertébrés marins en verre, créés à la fin du XIXe siècle et conservés à l’Institut zoologique de Liège.

Cette vague de classement est complétée par les Saint Luc et Saint Marc du Grand Curtius de Liège, une Table-bureau dite « à la Tronchin » de David Roentgen, un bassin de purification avec inscription dédicatoire trouvé à Jupille et le Vase des neuf Provinces de Léon Ledru (illustrations et détails infra).
 
Un fonds pour augmenter la part du mécénat dans les restaurations

Si le décret de 2002 régit le classement des biens mobiliers, il prévoit aussi des dispositions en matière de conservation et rénovation. C’est toujours au propriétaire qu’il revient d’introduire les demandes d’interventions auprès de la Fédération. Celles-ci sont très variables et peuvent atteindre des dizaines de milliers d’euros dans certains cas. Qui plus est, le nombre croissant de biens classés a naturellement pesé sur le nombre de demandes d’intervention pour la conservation et la restauration.

Alda Greoli, Ministre de la Culture : « Ma priorité est de pérenniser les budgets permettant d'assumer le rôle des pouvoirs publics en matière de conservation-restauration. C’est pourquoi je vais proposer la création d’un fonds budgétaire qui permettrait, dès 2018,  d’affecter des recettes particulières au financement de la protection du patrimoine mobilier. La Fédération pourrait par ce biais procéder à des appels de fonds auprès de particuliers ou d’institutions spécialisées dans le but de restaurer une œuvre particulière ».

Un tel mécanisme permettrait de structurer et d’amplifier le mouvement de restauration actuel, certes ponctuellement activé au gré d’aides extérieures mais de manière bien insuffisante par rapport aux besoins identifiés. Ce sont pas moins de 30 biens dont la restauration est planifiée pour les prochaines années par les services du Patrimoine. Ce fonds permettrait de relever le défi avec satisfaction.  

Enfin, l’ouverture au mécénat offrira plusieurs avantages évident pour le public, en assortissant le dispositif de garanties de visibilité des œuvres restaurées. Les mécènes quant à eux se verront associés – selon leur souhait - à la restauration du bien.

Quelques-uns des biens mobiliers classés récemment :

Ensemble de 49 modèles en verre d’animaux invertébrés marins dite collection Blaschka


Parmi les objets patrimoniaux remarquables de l’Aquarium-Muséum de l’Université de Liège, la collection Blaschka (fin du XIXe)  se distingue particulièrement. C’est en 1886, que l’éminent savant biologiste Édouard Van Beneden va commander aux maîtres-verriers Léopold et Rudolf Blaschka, père et fils, cet ensemble unique en Belgique de 77 modèles en verre d’animaux invertébrés marins pour illustrer les leçons de zoologie et enrichir les collections anatomiques et zoologiques de l’ULG. De cette commande, il ne reste plus que 49 spécimens. Les Blaschka ont emporté leur secret et la production de ce type de modèles en verre s’est arrêtée à leur décès. Ils feront l’objet d’un vaste projet de restauration et de valorisation dans les années 2010. D’objets didactiques, ils sont devenus de véritables œuvres d’art qui allient sensibilité artistique et rigueur scientifique.
 

Châsses de sainte Ursule et de saint Eloi, Hôpital Notre-Dame à la Rose, Lessines

Ces deux étonnantes châsses baroques ont été commandées à l’orfèvre athois Philippe Lenoir, par les sœurs de l’hôpital Notre-Dame à la Rose de Lessines, pour abriter les reliques des saints Ursule et Eloi, patrons de leur église. Leur typologie est assez originale ; l’orfèvre a en effet conçu deux demi-écrins jumeaux, parfaitement symétriques, pouvant être présentés séparément, l’un à côté de l’autre, ou rassemblés dos contre dos pour ne former qu’un seul coffret quadripode.
 

Leur décor est tout aussi surprenant. Bien que parfaitement typique du vocabulaire ornemental baroque, ce décor luxuriant semble bien davantage adapté à un objet profane qu’à l’ornementation de deux écrins-reliquaires. Seuls les reliefs narratifs fixés aux bases d’ébène, représentant la Charité de saint Eloi et le Martyr de sainte Ursule, se situent pleinement dans un registre iconographique strictement religieux.
 

Croix de procession, Hôpital Notre-Dame à la Rose, Lessines

Cette remarquable croix de procession, datée 1612 en chiffres arabes, est l’œuvre d’un orfèvre tournaisien. Son auteur, bien qu’anonyme, était sans conteste un orfèvre de talent. Il a réussi, avec cette croix, à conjuguer un répertoire ornemental typiquement baroque avec un vocabulaire formel et iconographique d’origine médiévale. La croix présente des extrémités quadrilobées renfermant, sur l’avers, les portraits des évangélistes accompagnés de leur animal respectif, et sur le revers, ces animaux symboliques tenant un livre d’évangile. Les bras de la croix portent un délicat décor de rinceaux végétaux estampés. Un élégant Christ en argent massif est fixé sur l’avers tandis que le revers présente, à la croisée, un médaillon estampé du monogramme IHS. Le nœud ovoïde contient un médaillon reliquaire renfermant une parcelle de la Vraie Croix.


Deux paires de crédences, Hôpital Notre-Dame à la Rose, Lessines

L’Hôpital conserve deux paires de crédences du XVe siècle. Les crédences gothiques présentent les armoiries de la famille Duquesne. Celle-ci a été très importante dans le développement et le rayonnement de l’institution. Issue d’une famille très aisée, Jeanne Duquesne, qui sera dame prieure de 1621 à 1664, léguera à son institution des pièces de collection qui comptent aujourd’hui parmi les plus beaux objets d’art ancien conservés. La décoration des quatre crédences est typiquement gothique avec des fenestrages, des rosaces, des fleurs de lys… Deux de ces meubles, les plus grands, présentent, sur les pans coupés du corps supérieur, un chêne qui est l’emblème de la famille Duquesne. Les portes sont magnifiquement sculptées d’un agneau pascal, du briquet de Bourgogne et de la Croix de Saint André, qui pourraient évoquer une origine bourguignonne. Les quatre meubles, soit  deux paires, sont de la même main et donc du même atelier, ce qui est tout-à-fait exceptionnel.
 

Buffet à double corps, Hôpital Notre-Dame à la Rose, Lessines

L’usage de la perspective, les médaillons avec profil de personnages, les motifs floraux, arcades, pilastres, têtes de diamants, ferronneries et arabesques sont autant d’éléments caractéristiques du style Renaissance. Les éléments empruntés à Vredeman de Vries sont également présents : la forme générale du meuble, la ceinture renfermant les tiroirs, les griffes de lions, les cariatides et atlantes soutenant une frise. Néanmoins, le buffet de l’Hôpital se démarque des buffets anversois de son époque. La marqueterie ne se limite pas à quelques plaquages géométriques, elle envahit tout le meuble. Les cariatides, les têtes et les griffes de lion sculptées confèrent au meuble un aspect de légèreté. Il est aussi particulier car il utilise la technique de l’intersia (incrustation d’essences de bois de différentes couleurs afin de créer un jeu de motifs et de perspectives). Il vient de faire l’objet d’une restauration exemplaire par l’atelier bruxellois Copet Le Grelle grâce au fonds Courtin-Bouché (Fondation Roi Baudouin).
 

Saint Luc et saint Marc, Grand Curtius de Liège

Témoins représentatifs des premiers développements de la phase maniériste caractérisant la sculpture mosane des années 1320-1230, saints Luc et Marc sont probablement les vestiges d’un ensemble sculpté regroupant les quatre évangélistes. Leur silhouette longiligne et sinueuse, caractérisée par des épaules frêles et étroites, est fléchie par un subtil déhanchement. Les visages, d’une qualité exceptionnelle, affichent une beauté tout androgyne. Le sculpteur a d’ailleurs clairement veillé à les distinguer l’un de l’autre par les visages et par les vêtements. De toute évidence, le sculpteur s’est inspiré d’un modèle féminin probablement assez proche de la célèbre Vierge de La Gleize (vers 1320-1330), illustre représentante de la phase dite « maniériste » dont est imprégnée la sculpture mosane de la première moitié du XIVe siècle.


Table-bureau dite « à la Tronchin », David Roentgen

Cette petite table-bureau de style néo-classique, dite « à la Tronchin », du nom d’un célèbre médecin suisse qui en popularisa le modèle, s’intègre dans la catégorie des meubles dits « à transformation et à secrets » dont le XVIIIe siècle fut particulièrement friand. Grâce à un dispositif ingénieux, la tablette est parfaitement modulable. Elle peut se déplier de manière à ce que la hauteur du pupitre varie permettant la lecture et l’écriture en position debout. Le grand tiroir à deux tirettes ne contient pas moins de huit petits tiroirs différents. Cette table peut avec certitude être attribuée au talentueux ébéniste David Roentgen (ateliers à Neuwied en Rhénanie).


Vase des neuf Provinces de Léon Ledru, Grand Curtius, Liège

Ce joyau des Cristalleries du Val-Saint-Lambert est l’œuvre du français Léon Ledru, responsable, de 1888 à 1926, du Service Création du Val. Il va créer cette œuvre monumentale en cristal taillé pour figurer à l’Exposition universelle d’Anvers en 1894. Ce vase impressionnant pèse 200 kilos et est composé d’un assemblage de 85 éléments. Il s’agit d’une pièce emblématique, glorifiant le Royaume de Belgique, composé alors de 9 provinces unies : Anvers, Liège, Namur, Flandre orientale, Hainaut, Limbourg, Luxembourg et Brabant. Les blasons sont gravés sur la frise centrale du corps ovoïde. Le lion national surplombe l’ensemble avec la devise « L’union fait la force ». Cette pièce magistrale a nécessité une longue préparation et l’intervention d’une multitude de tailleurs et de graveurs. Cette taille met aussi en exergue la qualité, la transparence et l’éclat du cristal.


Lion sculpté d'une fontaine de la villa gallo-romaine d'Anthée, Musée archéologique de Namur

Le site de la villa d’Anthée (Onhaye) est localisé dans la cité des Tongres, le long de la voie de Bavay à Trèves. La sculpture de lion en pied proposée au classement est une des plus complètes et mieux conservées parmi les rares en ronde bosse d’époque romaine découvertes en Gaule et Germanies. Il s’agit d’une statue fontaine dont le corps est traversé d’un conduit naissant sous le torse et aboutissant à la gueule. En Gaule, les sculptures de lion en rapport avec l’eau sont très peu nombreuses. Le lion d’Anthée se distingue de tous les exemplaires documentés par son style plus raffiné, par l’homogénéité de son exécution et par son état de conservation.


Bassin de purification avec inscription dédicatoire trouvé à Jupille


Les fouilles à Jupille ont révélé l’existence d’un important sanctuaire et permis de trouver des pièces attestant la présence de sculpture de divinités ou de dévots, des fragments d’un autel et un grand bassin de purification en calcaire de Meuse remontant à la 2e moitié du 2e siècle ap. J.-C. Sur le bord extérieur du bassin, une inscription a été gravée en lettres capitales. Seuls trois bassins à inscription plus anciens sont documentés en Gaule du Sud. La datation plus récente et la dédicace rendent compte de l’existence d’un culte rendu à Apollon sous une forme locale encore inconnue jusqu’ici. Une telle découverte en contexte est rare en cité des Tongres.
 

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Contact presse : Jérôme HARDY, porte-parole -  0497 54 02 51

 

 


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